Voici quelques galettes qui tournent sur ma platine et qui enchantent mes journées.
Des albums sobres et mélancoliques d'abord qui permettent peu à peu de se réjouir de l'arrivée de l'heure d'hiver et du prochain délire gothique de Tim Burton avec Johnny Depp...
White Chalk, de PJ Harvey:
Album hors du commun. Pas de grosses guitares, mais du piano, du mellotron, de la guitare acoustique, de la flûte, etc. PJ toute en douceur, mais avec cette acidité retenue qui fait le charme d'un Nick Cave. Ce n'est pas pour rien que ces deux-là ont fait un duo sur les Murder ballads de Nick.
Les fleurs du mal, de Jean-Louis Murat:
Veinard, l'Avergnat! La famille de Léo Ferré lui a confié la troisième partie des Fleurs du mal que le grand Léo n'a pas eu le temps d'enregistrer, pour cause de décès. Voilà donc que le Jean-Louis est contraint de soigner son élocution (c'est du Baudelaire, merde!) et il choisit des arrangements sobres pour mettre en valeur le texte. Une fois encore, le Murat jaillit là où on ne l'attend pas! Ce mec, même s'il est un peu casse-couille dans ces interviews, est un artiste incroyable! Baudelaire-Ferré-Murat... si ça c'est pas un disque automnal par excellence...
North star deserter, de Vic Chesnut:
C'est la rencontre d'un grand songwritwer folkeux et des musiciens post-rock du fascinant label canadien Constellation, notamment issus des groupes A Silver Mont Zion et le Tralala Band (si si , ça existe!). Bref, imaginez un Cat Stevens qui ferait un album avec Mogwai (mais sous calmants, quand même. Mogwai pas Cat Stevens... parce que, là, on s'endort!). C'est planant, bizarre, mais on se laisse emporter dans cet univers qui ferait une bonne B.O pour un film de David Lynch.
Derrière la porte, de Jil Caplan:
Si, c'est bien la fille habillée en mec qui chantait "Tout ce qui nous sépare" il y a... longtemps. On peut pas dire que c'est un retour car elle n'a jamais arrêté, mais sa carrière fut plutôt discrète. Mais voilà un album apaisé d'une femme qui paraît simple et généreuse, à la voix mûre et sensuelle. Vous avez peut-être entendu à la radio le single "Des toutes petites choses" qui illustre bien la qualité de cet album: pas d'effets spéciaux, mais des petites mélodies ou des petits riffs qui trottent dans la tête supportant des textes qui nous accrochent plus comme des aphorismes que comme des récits. On passe du folk-rock à l'électro en flirtant avec la variété, mais la voix nous fait rester dans un même univers. Et on s'y sent bien.
Ensuite, trois albums rock...
Send away the tigers, des Manic Street Preachers:
Même si certaines fines gueules trouvent que ce nouveau cd n'apporte rien de neuf, moi je le trouve génial: l'énergie est toujours là et il y a ce sens extraordinaire de la mélodie. Il y a longtemps que je n'avais plus passé un cd en boucle! Et les Manic l'ont fait! Ils ont une manière de faire monter la sauce qui crée une frustration au bout de la chanson. Ils sont forts et c'est tout.
Snakes and arrows, de Rush:
Le trio canadien est de retour avec un bien bel opus. On retrouve l'inspiration mélodique des 70's et on quitte le côté un peu FM de ces dernières années. Les arrangments sont recherchés et l'efficacité rock est toujours là. Plusieurs instrumentaux tarabiscottés jalonnent cette oeuvre de sorcellerie. Je n'ai jamais réussi à classer Rush dans le prog, parce qu'un peu trop "rock de camioneur", mais je vais peut-être revoir un poil mon jugement. Yeah!
Magic, de Bruce Springsteen:
Il y a quelques mois, j'encensais son dernier live. Le voilà qui revient avec un nouvel album accompagné de ses fidèles musiciens du E-Street Band. Et il est toujours en état de grâce: force, joie, mélodies et arrangements soignés. Il n'y a plus de braillées à la "Born in the USA". On retrouve un peu l'ambiance de ses premiers albums avec la sagesse et l'expérience en plus. "The rising" était un très bon album, mais "Magic" n'a pas à rougir.
Et juste un album prog, quand même...
Sola scriptura, de Neal Morse:
Bon, il a déjà quelques mois, mais je l'ai laissé vieillir un peu. Neal Morse a quitté son groupe, Spoke's Beard, il y a quelques années pour se consacré à Dieu. Misère! Tous les fans le voyaient déjà moine ou évangéliste... non, Neal est musicien et il le reste! Il a pondu des disques sur sa conversion (Testimony), sur la Genèse (One), sur l'Exode (Question Mark) ainsi que quelques albums de chansonnettes et de musiques religieuses. Ces derniers sont moins convainquants que les trois premiers.
Musicalement on reste dans un truc se situant entre Yes et Dream Theater, l'ombre des Beatles planant toujours aussi à côté de celle du Christ sur le brave Neal. Le dernier opus en date, Sola scriptura, qui s'intéresse à Martin Luther, a été pondu avec le fidèle complice Mike Portnoy, batteur de Dream Theater, et Paul Gilbert (guitariste de Mr. Big). Cette espèce d'opéra-rock est composé de 4 morceaux: The door (29'14''), The conflict (25'), Heaven in my heart (5'11''), The conclusion (16'34''). C'est un feu d'artifice de chansons ou d'intermèdes chantés et de passages instrumentaux. C'est ouf! La beauté de certains soli ou certaines mélodies prennent vraiment aux tripes. SVP, ne classez pas ce génie dans le rock chrétien qui est en général de la purée qui pourrait passer dans les chiottes d'un supermarché! Ici, on parle de musique!
Voilà, les amis, quelques tuyaux pour se faire du bien aux oreilles et au coeur... pour accompagner la chasse et la brisolée.
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